Il n'y a pas grand-chose à dire sur son enfance, qui ne sortait pas vraiment de l'ordinaire. Un mouton parmi les autres. Devenu plus noir au fil du temps et de sa jeunesse. Malgré qu'il eut grandi dans une famille où tous les membres étaient proches, il lui arrivait parfois de s'en éloigner quelque peu, par rébellion, par envie d'aventure plus particulièrement. Et cette fameuse source d'aventure se retrouvait plutôt du mauvais côté. Ce n'était pas de sa faute si les sportifs, ou les adeptes des grosses notes et des cours, ne les rejoignaient pas dans sa quête. Les plus rebelles par contre si, avec les mauvais coups, l'adrénaline que pouvaient leur apporter certains actes. Mais jamais n'avait-il fait dans l'intimidation, simplement dans l'amusement. À montrer ses belles fesses dans la fenêtre d'un cours par exemple. La lune était ronde et pleine aujourd'hui dites-donc. En le regardant à cette époque, de ce jeune homme qui passait plus de temps dehors qu'à faire ses cours... Jamais on ne se serait douté qu'il emprunterait la voie de l'université.

Mais lorsqu'on eut appris qu'il voulait être  dans la branche de la psychologie par contre... Ça lui allait comme un gant. Ils sont tous un peu cinglés, les psychologues et puis il avait ce don inné d'écouter les gens, de trouver les mots pour les apaiser et les réconforter au besoin. Il avait beau être parfois un petit monstre, on ne pouvait pas lui enlever ça. Heureusement pour lui, il n'avait pas totalement gâché ses chances, car malgré tout, ce petit con n’échouait pas totalement non plus, s'en sortant avec des notes ni extrêmement hautes, ni extrêmement basses. Dans la moyenne quoi. Il s'était presque miraculeusement calmé. Par la faute du temps peut-être penserons certains, mais ce n'était peut-être pas tout à fait le cas. L'indomptable petit Clark, ne l'était pas tant que cela au final. Lorsqu'on le tenait par le cœur, il devenait un être que l'on n'aurait jamais soupçonné être aussi doux et attentionné. Bon... Évidemment à quelques endroits il restait une cause perdue, mais on n'y peut rien. Personne n'est parfait après tout. Et même si c'était le cas, l'être ou la chose en question deviendrait imparfait dans ce monde où rien ne l'est. Il faut d'ailleurs faire quelques remerciements à cette demoiselle de son jeune temps, pour l'avoir ramené sur le droit chemin pendant un petit bout de temps, tout juste ce qu'il lui fallait pour découvrir la passion du métier, malgré les longues études qui devaient l'attendre. Et puis elle eut disparue, tout simplement car c'était ainsi, car l'amour n'était plus et avait laissé place à une bonne amitié.

Puis vint le jour des plus grandes études, qui demandaient sérieux et beaucoup de temps. Aussi étrange que cela puisse paraître, il adorait ça, ayant un coup de cœur pour ce qu'il apprenait. Mais il ne tomba pas que sous le charme de la matière celui-là... C'était bien la première fois qu'une demoiselle l'enchanta à un point tel, qu'il en devenait maladroit. Il croyait à un mauvais sort, dans l'incompréhension de ses propres gestes et paroles qui se refusaient de sortir en simple sujet - verbe - complément . Elle le rendait complètement con oui, jusqu'au moment où il réalisa que la malédiction qu'il avait cru avoir, n'était en fait qu'un magnifique coup de foudre. Et elle n’avait même pas trichée, car tôt ou tard eu-t-il apprit qu’elle n’était pas comme les autres. Peu lui avait importé à cette époque, car son cœur lui appartenait déjà. Elle fut coup de foudre qui perdura, pendant bien des années, avant d'être enfin pleinement officiel. La naissance d’une nouvelle vie, à deux, par les vœux de mariage, de cette échange de bagues d’union et du soleil. Mais à la fois aussi pour ce cher Clarky, ayant quitté le monde de l’humanité pour rejoindre sa douce dans l’éternité. La demoiselle était passée de copine à femme et épouse.... Puis fantôme de son cœur et de ses pensées...

On lui avait arraché ce qui lui permettait de vivre, du jour au lendemain, pour ne lui laisser que le néant et cette douleur qui refusait de le quitter, qui s'accrochait à lui. Un simple voyage entre copines, sans retour, sans adieu. Elle avait quitté son monde, elle avait quitté sa vie. Elle l'avait oublié...

Lui, il ne l'oublia pas... Vivant dans le refus et le déni pendant si longtemps. Se perdant dans l'irrationalité, la tristesse et la colère. La douleur de ne voir que cette tombe vide de toute vie, de par cette faute bestiale. Une morsure qui lui voua une haine éternelle envers la race des loups, devenue obsession presque maladive. Puis vint le jour de l'abandon, après tout ce temps, réalisant enfin à quel point il se noyait dans l'ombre, parmi ce tout petit éclat de lucidité. Il abandonna, tout, absolument tout, quittant sa ville, son pays, sa demeure et ses amers souvenirs. Il quitta pour lui, pour sa propre survie, malgré son âme qui ne voulait pas partir.

Il s'infligea le plus grand des coups de pied au derrière, se coupant de ce monde pour son bien. Pour en accueillir un tout autre, qui lui apprenait de nouveau à respirer, à vivre tout simplement. Il semblait avoir l’éternité devant lui, alors pourquoi ne pas en profiter pour en découvrir un peu plus de ce vaste monde ?  Partir pour oublier, partir pour y rencontrer des nouveaux modes de vie, des cultures et des visages inconnus. Mais malgré tout... Il n'avait pas retrouvé la source du mot bonheur. Il vivait le cœur encore vide, dans cette folie de la débauche, recherchant peut-être en quelque part, le corps qu'il avait perdu. Et toujours il s'en voulait, toujours en ressortait-il plus mal que bien, repoussant le vivant vulgairement car il n'en voulait plus ce cet autre corps.

Puis les années passèrent, et l’oubli se fit, un peu plus entièrement.  Il avait gardé la débauche avec lui, vivant de chair et de sang uniquement, car c’était bien ainsi qu’il était heureux dans cette autre vie. Et puis, il était finalement retourné aux États-Unis, retrouvant les études, pour cette fois tenter la sexologie, aujourd’hui devenu son métier. Un grand solitaire qui était présent, à tenter de soigner les couples, de recoudre les amours brisés, et de réconforter les êtres perdus.