Je m'appelle Lorenzo Leonetti, mais j'ai laissé ce nom avec mon passé pour n'en garder que « Enzo ». Court, concis, facile à retenir, et plus... classe. Je suis né en Italie mais n'y ai vécu que trois ans avant que ma famille et moi-même émigrions en Angleterre pour tenter de vivre dans de meilleures conditions. Les conflits politiques n'ont pas beaucoup aidé mes parents. J'ai passé par la suite vingt ans en Angleterre, de manière toute aussi pauvre, mais la chaleur en moins. Mes parents m'ont trimballé de villes en villes pour chercher les opportunités mais sans jamais rien trouver. Mais pour être honnête, je n'ai pas gardé tant de souvenirs que ça de cette époque, elle ne m'a pas marquée, surtout comparée aux années qui ont suivi. À vrai dire, tout devient bien plus clair et net à partir des derniers mois de ma vie humaine.

    En 1903, je suis tombé malade. Le genre de maladie qui a fait que ma famille a décidé de m'abandonner, de partir sans se retourner. Les mois étaient longs et mon état ne faisait qu'empirer. À cette époque, j'étais encore le jeune homme innocent que je ne suis clairement plus aujourd'hui. Je n'aurais probablement pas fait de mal à une mouche. Quoi qu'il en soit, vers la fin, j'étais sûr que mon heure approchait à grands pas et je ne pouvais que m'y préparer mentalement, après tout, les hommes comme moi ne pouvaient bénéficier des soins nécessaires à notre survie.

    Alors que j'étais au port, attendant de mourir, une femme est apparue et m'a gentiment proposé son aide, et celle d'un médecin sur le bateau sur lequel elle se rendait. Quelques heures plus tard, j'étais mort. Bien entendu, pas définitivement, comme on peut s'en douter. Le médecin était un charlatan, mais la dame avait pris la liberté de m'administrer un tout autre remède. Quand j'ai ouvert les yeux, je me suis retrouvé au milieu d'une véritable boucherie, et elle avait disparu. Elle oui, mais pas le médecin dont le sang m'attirait étrangement. Je me souviens de chacun des sentiments que j'ai ressentis, sans doute car tout était amplifié, et que la plupart était d'un genre nouveau et étrangement très contradictoire. J'étais perdu, mais je savais ce que je devais faire, j'étais dégoûté mais réellement attiré par le fluide rouge qui avait repeint la pièce d'une teinte bien macabre. Mais la chose qui à ce moment m'a le plus frappé, c'est la faim.

    Le bateau s'était transformé rapidement en navire fantôme et je m'étais nourris sur énormément de monde, sans jamais savoir avec exactitude ce qui m'arrivait. Je n'ai d'ailleurs eu aucune aide et ai du apprendre tout de mon nouvel état par moi-même, sans celle qui m'avait offert ce cadeau en me faisant ingurgiter son sang ce soir là. Les mois qui ont suivi furent compliqués, mais j'ai appris à vivre avec. Je me suis rapidement rendu compte que mon innocence était morte en même temps que ma vie humaine. Suite à cela, je me suis développé une nouvelle identité, un nouveau tempérament. Je me suis forgé un caractère bien différent de celui que je possédais par le passé, j'ai vécu du bon temps, joué les défenseurs de ces dames à plusieurs reprises, et brisé quelques nuques. Le dit bon temps s'est toutefois stoppé lorsque j'ai été attrapé par les Whitmore.

    C'est en fait là que l'enfer a commencé. J'ai vécu des journées de tortures qui me semblaient sans fin, j'ai été le jouet de ces messieurs-dames, le cobaye de plusieurs expériences auxquelles Victor Frankenstein lui-même n'aurait pas pensé. Ils se montraient chaque jour plus créatifs, c'en était effrayant. Mon identité ne se résumait plus qu'à un numéro : 12144. Il m'a poursuivi pendant des années de solitude et de souffrance. La souffrance est restée, mais la solitude s'est envolée quand je suis tombé amoureux de la jeune femme qui s'occupait de l'étude de mon comportement. Maggie. Mais il était bien trop dangereux pour elle de continuer sur cette voie donc après un moment, j'ai décidé d'effacer notre lien de sa mémoire, et de la laisser partir. Toutefois, un nouveau vampire a fait son entrée. Damon Salvatore était devenu mon ami en peu de temps, son caractère était incroyable. Ensemble, on avait trouvé le moyen de se libérer de ces cellules pour retourner à la civilisation, et alors que tout se passait pour le mieux selon notre plan, il y eut un petit soucis, un léger incendie, et lui qui a décidé de me laisser pour mort dans une cage entourée de flammes. J'aurais pu mourir, mais l'incendie fut maîtrisé, et moi replacé en cellule, avec ma ration de sang diminuée de moitié pour éviter tout nouveau problème. Ils ne me donnaient que de quoi ne pas me dessécher trop rapidement.

    Quoi qu'il en soit, j'ai fini par m'échapper de ce cauchemar, en retrouvant mon vieil ami dans le processus. On a fini par trouver un terrain d'entente dans la vengeance et Aaron Whitmore en a payé les frais. J'ai rencontré tout ce beau monde qui vit dans cette jolie petite ville qu'est Mystic Falls. Mais comme les bons moments ont toujours une fin, j'ai appris, par la suite, ce qui est arrivé à Maggie, la femme que j'aimais. Il se trouve qu'elle a été tuée et décapitée peu de temps après que je l'ai faite partir. Et le coupable n'était autre que Damon Salvatore. Ne supportant ni la nouvelle ni les sentiments qui en découlaient, j'ai éteint mon humanité avant de m'attaquer aux personnes autour. Stefan a tenté de me calmer en plantant son bras dans ma poitrine pour y empoigner mon cœur, et je m'en suis éloigné, faisant en sorte qu'il arrache l'organe de ma poitrine.

Mon périple de l'autre côté fut divertissant. Celui-ci s'effondrant, je pouvais interagir avec le monde des vivants, ce qui m'a permis de mettre à exécution ma vengeance. J'ai tenté de tuer Elena, puis Damon et Stefan, mais je me suis stoppé quand la possibilité de me ramener à la vie a été évoquée. J'ai une fois de plus laissé mon existence entre les mains de Damon Salvatore, avec l'espoir de ne pas être de nouveau trahi. Tout cela a duré jusqu'à ce que Bonnie Bennett joue les ancres modèles et laisse repasser tout le monde. J'ai donc à ce moment là arrêté de torturer mon entourage.

Toutefois, ce à quoi je ne m'étais pas attendu, c'était au fait que j'allais revenir en tant qu'être humain. Une grande surprise à laquelle, en effet, je ne pouvais pas me préparer. Mais à choisir, entre être mort de l'autre côté alors qu'il s'effondre et être vivant et humain, ne plus pouvoir contraindre qui je veux ni courir vitesse vampire, je préfère être un mangeur de hamburger. J'ai donc tenté de reprendre mes habitudes, et ma condition de suceur de sang me manquait. Les quelques mois qui se sont écoulés ont été les plus longs de ma vie... Enfin non, pas aussi longs que ceux passés en tant que 12144 à me faire arracher les yeux des orbites, mais on a compris l'idée.

Un jour, pour mon plus grand bonheur, les sorcières sont intervenues, et la magie a refait son apparition dans Mystic Falls, et j'étais de nouveau capable de contraindre les gens du coin à se laisser manger le cou tout en leur faisant croire que c'était une super idée. J'avais retrouvé mes habitudes. Mais bien entendu, les fins heureuses n'existant pas, je suis de nouveau piégé et enfermé, d'une nouvelle manière, inédite ! En bref, mon bonheur n'aura été que de très courte durée. Simplement le temps de vouloir passer les frontières pour une virée à Chicago. Bloqué à l'intérieur d'une ville... Qui l’eut cru ? Combien de menaces potentielles vont encore se mettre sur mon chemin ?