Vivre. On se demande tous qu’est-ce que ça signifie réellement. Je me souviens encore que mon père disait « vivre c’est la seule chose que nous avons, c’est la seule chose que nous perdons. ». Je me suis toujours demandé si ce qu’il disait était vrai, ou s’il en parlait simplement pour que les autres le respectent. Je me suis aussi toujours demandé si j’allais un jour réellement vivre ma vie. On ne sait pas de quoi est fait demain et je sais encore moins comment je finirais dans un ou deux ans. Depuis toute petite, je suis enfermée dans une sphère assez spéciale. Mon père était médecin et ma mère était plutôt hors du commun. En fait, pour ne rien vous cacher, trois ans après ma naissance elle est morte dans un accident avant de réapparaître. Elle était différente, parce que mon père a toujours eu peur qu’elle se fasse du mal et qu’elle nous fasse du mal. Je ne pouvais pas rester avec elle s’il n’était pas présent, et j’avais toujours un garçon avec moi. Je me souviens qu’il s’appelait Wess. Il se décrivait comme mon protecteur, mais je le voyais plus comme un grand frère, ou un meilleur ami. Jusqu’à mes quatorze ans, il était resté avec nous, et de temps à autre il partait avec maman la nuit et je ne les revoyais que trois jours après. Ceci se passait tout les mois et papa ne s’en occupait pas du tout. Au contraire, il aimait me répéter que c’était nos moments particuliers. Que rien ne pourrait gâcher ça. Après ça, je ne les ai plus jamais revus. Ni Wess, ni ma mère. Je me suis découverte après ça, une vraie passion de détective. Je ne voulais pas abandonner les recherches et je faisais tout pour les retrouver. C’était un vrai détail de ma vie qui me hantait chaque jour de chaque année. Je refusais d’ouvrir les yeux sur le fait que ma mère avait complètement disparue aujourd’hui. Et jusqu’au bout, je ne voudrais pas avouer qu’elle était peut-être morte.

« C’est la rentrée ma chérie, tu vas enfin réaliser ton rêve. » Première année. J’étais une première année. J’allais enfin rentrée en faculté de médecine pour réaliser mon rêve et enfin comprendre ce qui faisait vibrer mon père depuis toujours. J’allais enfin commencer le rêve que nous bâtissions ensemble depuis ma plus tendre enfance. Et j’étais partiellement excitée de faire ma rentrée. Je me retrouvais comme une enfant de six ans attendant sur le pas de la porte sont père pour se rendre à sa classe. J’avais toutes mes émotions qui se mélangeait et je me rappelais que jamais au grand jamais je ne pourrais vivre une telle liberté qu’à l’université. « Bon voyage mon ange, je viendrais te voir pour Thanksgiving. » Je l’avais pris dans mes bras avant de mettre la dernière valise dans le coffre de ma voiture. Il me prenait en photo devant cette dernière et là mon voyage commençait. Je le rassurais en lui disant que je monterais de temps à autre le voir et voir Mystic Falls. Surtout que mon stage se passait à l’hôpital de la ville. Et je montais en m’étant le contact en route. Tout le long du voyage je repensais à ma mère. Elle qui aurait adorée me voir conduire ou même prendre mon envol. Elle qui souhaitait que j’ai une carrière magistrale. Qu’importe. Elle n’était plus là.

Ma famille n’a jamais été comme les autres. Depuis mon entrée à l’université, je l’ai bien compris. Un monde complètement surnaturel comptait aussi dans la balance. J’y croyais. Plus que n’importe qui d’ailleurs, parce que je pouvais carrément dire que ma mère était un vampire. Toutes les bizarreries de mon enfance, sa soi-disant mort débile avant de réapparaître comme une fleure. Elle m’avait bien eu, pourtant mon cœur s’emballait quand j’imaginais Wess être l’une de ces choses. Être comme elle, assoiffé de sang, étrange, distant. L’imaginer ainsi me rendait presque folle. J’avais toute les pièces en main, mais j’avais peur de la réaction des autres faces à cette découverte. Dire au monde que l’espèce la plus dangereuse de nos cauchemars faisait bien partit de nos vies, seraient plus difficile qu’autre chose. Et puis je n’étais pas forcément contre cela. Je n’étais pas une malade de la chasse aux vampires, tant qu’ils ne s’en prenaient pas à moi ou à mes proches. Alors oui, je faisais table rase de tout ça. Je me prêtais au jeu de celle qui n’en savait rien. Et je n’avais peut-être pas tort là-dessus. Enfin, c’est ce que je me répétais sans cesse intérieurement, avant de voir celui qui comptait tant dans mon enfance, parcourir les allées de mon territoire, de ma nouvelle vie. « Wess… »