Donna & Hayley

   

Quand le destin se joue de moi.  

   Que fais une Irlandaise, paumée, désorientée, qui vient de poser ses valises dans un nouveau pays ? Elle va dans le bar le plus proche pour boire une bière pardi ! De mon appartement, je n'en avais rien vu, je n'étais pas prête. J'avais juste déposé mes valises et étais sorti. Ça n'est jamais vraiment compliqué de trouver un bar dans une ville, c'est comme une seconde nature chez les humains. J'avais trouvé une table, dans le fond de la salle, assez pour être seule, tranquille et pour noyer mon chagrin dans l'alcool. Je n'avais jamais réellement fait ça, boire pour oublier, mais à situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. Dans mon sac, j'avais feuilles et crayons, j'avais prévu de lui envoyer une lettre, de lui dire la vérité sur moi, sur ce qu'avais été ma vie avant lui et pourquoi j'étais ainsi partie. Partie comme une voleuse en détruisant ce que j'avais commencé à construire.

Je n'avais prêté aucune attention particulière à ce lieu, aux gens qui y étaient, à la musique, à la décoration, à la carte. J'avais juste trouvée une place libre et c'était parfait. Seule dans un monde étrange, comme toujours. Seule. Feuille blanche, crayon dans la main, ma lettre commença simplement « Smith ». Que lui dire ? Comment le lui dire ? Qu'allait-il penser de moi après tout ça ? Que j'avais eu raison ? Que j'aurais dû lui faire confiance ? Que j'avais été faible pour partir ainsi ? Que ma réaction avait été disproportionnée ? Après tout, qu'est-ce que ça changerait ? Je lui avais dit que j'étais partie, que je ne voulais pas qu'il me retrouve. Message clair et concis. Un message. Après deux ans avec lui, j'étais partie avec un message. Je fermais les yeux, ravalant mes larmes de colères et de tristesses. C'était fini. Point. Le serveur dû me poser plusieurs fois la question avant que je ne réalise que quelqu'un me parlait.

     

▬ "  Qu'est-ce que je vous sers ? "».

Je relevais la tête vers lui, comme si je débarquais d'une planète lointaine.

     

▬ "Une bière.  "».

Il haussa les épaules lorsque je lui répondis d'une voix morne, presque éteinte. J'aurais pu être sociable, mais pas maintenant, pas ce soir, pas à l'instant. J'étais sociable, autant que je puisse l'être, j'aimais être entourée, c'était comme compenser ce que je n'avais jamais connu. Je posais ma tête sur ma main et jouais avec le crayon dans l'autre main. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Je n'étais pas seule à avoir la tête dans les étoiles. Le serveur ne m'apporta pas ma commande, mais ça je ne le vis pas tout de suite. Il fallut qu'une autre voix me tire de ma torpeur pour me l'indiquer.
La faculté d’ignorer le monde qui nous entoure, de ne se cantonner qu’à nos vies, qu’à nos pensées est un petit cadeau magique. Nous occultons le monde qui nous entoure pour ne rester que dans le nôtre, pour ne pas être dérangé et pourtant il ne suffit que d’un instant. Un instant pour nous rendre compte que le monde réel est celui qui nous faut, il faut, dans ce cas, oublier ses peurs, oublier ce qui terrifie et faire confiance à la première main tendu. C’est beau la théorie, non ?

   

   

   

   

Donna & Hayley

   

Quand le destin se joue de moi.  

   S mith, comme début de lettre, on a mieux. Je tapotais le crayon sur la table, l’inspiration ne venait pas. L’inspiration, l’envie de m’étaler sur ma vie, de lui expliquer mon histoire, de parler de ce qui me faisais mal et qui ne cicatrisait pas et de notre rupture. Ça n’était pas facile de s’excuser, après un message, c’était une lettre ? Ca n’était pas respectueux pour lui, mais c’était la meilleure des choses à faire. J’en été convaincue.
« Smith,
Je ne sais pas comment t’expliquer, je ne sais pas si je trouverais les bons mots, ça n’est pas facile pour moi. Je ne t’écris pas pour m’excuser, mais pour t’expliquer, je pense que je te le dois. »
C’était un début, pas un bon, mais c’était tout de même quelque chose. La main portant le crayon tapotait toujours sur la table tandis que l’autre avait quitté mon visage pour tapotait sur la table. Anxieuse ? Stressée ? Si peu !  Une voix me sortit à nouveau de ma torpeur, je m’attendais à ce que ça soit le serveur, mais visiblement pas. Une jeune femme brune se tenait devant moi avec ce qui semblait être mon verre. Un coup d’œil à la table, je compris la mégarde. Autour de nous, je vis du monde installait dans ce bar, le serveur devait être submergé.


     

▬ "  Je crois oui."».

Je lui adressais un sourire en coin. « Allez Donna, c’est ta chance, fais t’en une amie ! ». Je venais de débarquer et j’avais besoin de connaitre du monde. Je ne voulais pas être seule dans une ville, dans un pays étranger. Je lui adressais le siège en face de moi de la main.

     

▬ " Si tu n’es pas occupée, assis toi ! "».

Mon accent prouvé à cette demoiselle que je n’étais pas d’ici et ma façon de lui demander de s’assoir pouvait montrer que je n’étais pas douée avec les relations sociales, mais j’étais en voix de rémission. Du moins, je me soignais ! Je poussais le vers dans sa direction et but une gorgée de ma bière en grimaçant.

     

▬ " C’est la meilleure que vous avez dans ce pays ?  "».

Je rigolais en posant mon verre sur la table et regardez la demoiselle.

     

▬ " J’espère que la tienne est meilleure que mienne.  "».

Je rangeais à la hâte ma lettre et mon crayon sur le côté et regardais ma lettre en construction avec un air gênée. Je tentais de regarder avec une certaine conviction, une certaine amitié la personne en face de moi.