La nuit venait de tomber et, comme toute humaine normale, j'aurais dû me reposer, dormir, mais non, j'avais besoin de sortir. J'étais en train d'étouffer dans cet appartement, j'avais l'impression que les murs se rapprochaient de moi, que je manquais d'oxygène. Assise sur mon lit, je triturais les doigts en espérant que je tombe de sommeil, que quelque chose me sorte de cette torpeur, mais rien. Prenant le taureau par les cornes, je me levais et pris le premier gilet qui passait par la là pour sortir. J'avais délaissé les talons aiguilles pour des talons plus bas, plus stables pour moi. Certes, la nuit n'était pas froide, mais trop fraiche pour ne porter qu'une robe, néanmoins, j'avais tellement besoin d'air frais, que ça me paraissait un bon choix.
A peine je passais la porte qu'une bourrasque alla s'amuser avec mes cheveux et me déclencher des frissons. Le silence s'installait dans les rues et le seul bruit était la résonance de mes pas sur le bitume. Je ne saurais dire pourquoi, mais ce silence, cet air frais, l'angoisse et le mal-être de ce soir, mais quelques larmes se mirent à couler. Pourquoi avais-je vécu cette vie-là ? Pourquoi est-ce que je m'en étais sortie à chaque fois ? Cela n'aurait-il pas été plus simple de mourir sous les coups de mon père ?

D'un revers de main, j'enlevais les gouttes d'eaux et serrais les poings. Je n'avais pas le droit de me laisser abattre, je le devais pour ma mère.

Je n'avais pas fait attention au chemin que j'avais emprunté, si bien que la fin de ce chemin fut logique : Je m'étais perdue. Je resserrais le gilet sur moi et regardais attentivement où je me trouvais. Pas trop loin du centre-ville, j'entendais un peu d'animation, mais malgré tout, je ne savais pas vers où je devais me rendre. Un bruit derrière moi se fit entendre, je tournais la tête, rien. Sur le côté à présent, quelque chose de rapide, de léger, mais audible. Mon pouls s'accélère, c'est comme un sixième sens : Quelque chose cloche. Je recommence à marcher, le bruit continue, ça se rapproche, ça s'éloigne. Je respire fortement, j'ai peur. Je resserre le gilet de ma main et comme pousser par mon instinct, je me mets à courir. J'ai comme l'impression que cette chose me suit.

Je cours, j'essaie d'aller plus vite encore. Je ne sais pas si je m'éloigne ou m'approche du centre, je ne réfléchis plus, j'ai peur. La peur nous empêche de penser, de réagir, de faire face à nos soucis. Faire face.

Je n'ai pas couru longtemps, mais lorsque je m'arrête net, je suis presque à bout de souffle. Je sens mon cœur gonflé dans ma poitrine, l'adrénaline, la peur m'englobe. Je dois faire face, je ne dois plus fuir. Je serre les points et me met droite. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, j'ai peur, mais à la fois, je me sens forte, puissante. J'entends encore les bruits autour de moi, cette chose ne s'arrête pas.

-       Je suis Irlandaise ! Je ne crains pas !

Il est vrai que cet argument est à revoir, mais à l'instant, alors moi que ma voix casse ce silence oppressant, je me dis que si cette fois, c'est la fin pour moi, ça ne sera pas comme avant. Si des coups, je dois reprendre, je ne me laisserais pas faire ! Je parle à cette chose… sans savoir si ça peut me comprendre, je ne sais même pas ce qui joue avec moi.

-       Je n'ai pas peur, je n'ai pas peur…

Je murmure, pour moi-même plus que pour quiconque aux alentours. Je tente de me convaincre alors que je sens mon cœur se débattre tant il bat, tant mon sang bouillonne à l'intérieur de moi. Encore ce bruit derrière moi. Dans cette rue, il n'y a personne, juste moi, cette chose. Je regarde autour de moi avant de me retourner. Il fait nuit, la lune éclaire à peine, lorsque ce bruit se fait plus fort, lorsque je fais face, je ne vois qu'une ombre humaine se lancer vers moi. Quelque chose me choque, ses yeux. Je me vois déjà mourir, mais non, ça n'est pas encore mon heure. Lui, il en a décidé autrement.

Je m’attendais plus à finir morte que sur le sol. Pourquoi sur le sol ? Parce que je n’avais pas pensé à me faire pousser, de ce fait, mon équilibre avait été quelconque. Sur le sol, j’étais moitié terrifiée, moitié…Terrifiée. Il y avait encore la frayeur d’avoir été comme attaqué par cette chose et l’autre effrayée par le spectacle que m’offrait mon sauveur. Il avait sûrement dû avoir un élan d’adrénaline car il y avait une certaine maitrise dans les gestes de mon sauveur, il n’avait pas réfléchi, il avait agi, rapidement, très rapidement. Il était sorti de nulle part, de derrière peut-être ? Il m’avait poussé, avait fait littéralement voltiger mon agresseur. Sous le choc, je devais sûrement exagéré ce que je voyais. C’était étrange. Le nouvel arrivant, après son acte héroïque, remit en place son costume et se tourna vers moi. J’étais trop effrayée, trop sous le choc pour tenter un quelconque mouvement. Allait-il me faire du mal ? Il le pouvait, s’il avait su faire ça à ce monstre, il pouvait me faire pire. C’est inouï comme un cerveau à tendance à réfléchir de manière excessive lorsqu’il est à la fois privé d’oxygène ou qu’il en a trop. Il m’adressa un sourire et je retins mon souffle. Il ne me voyait pas, je n’étais pas là, il ne me ferait rien. La nuit n’était pas sûre ? J’avais cru le comprendre oui. Combien de fois étais-je sorti la nuit à Dublin sans jamais rien avoir ? Il fallait que je vienne ici pour connaitre ce genre de chose ? Je pensais que ça n’arrivait qu’aux autres… Aujourd’hui, c’était moi l’autre. Surprise ? Ça n’était pas le mot que j’aurais employé. Effrayé, choquée quoi que…Surprise, oui, finalement, ça collait bien. Il était sorti de nulle part et avais mis chaos quelqu’un d’un simple mouvement. Pourtant, il n’avait pas l’air comme ça, mais visiblement, il ne fallait pas se fier à son costume. Son costume…C’était tellement rare de croiser des hommes en costumes.  L’obligation ? Ce mot me fit tiquer, mais je ne pouvais pas répondre quelque chose, je lui été redevable.
Je n’arrivais pas à parler, j’étais encore dans un monde à part. Ma main glissa pour se poser sur mon cœur, pour tenter de me calmer, de reprendre mon souffle et une certaine constance. Une constance ? Finir par terre, ça n’est pas avoir une belle constance, surtout pour quelqu’un comme moi, qui de par mon métier et ma fierté, ne peut pas se retrouver dans une telle posture. Il s’approcha de moi et je n’étais pas rassurée.
- Assommé ? Je n’aurais pas dit ça.
Mes paroles étaient sorties sans que je m’en rende vraiment compte. J’avais posé mon regard sur l’agresseur qui gisait quelques mètres plus loin. S’il se levait ? Se réveillé et voulait se venger ? Mon cœur recommença à s’emballer, mais je ne voulais pas, je voulais me calmer, redevenir la jeune femme franche et direct, pas cette petite chose fragile.  Elijah Mikaelson ? Tentait-il de me rassurer ? De me convaincre de l’accompagner ? Etais-je si idiote ? Je pris une forte inspiration et posais ma main dans la sienne pour me relever. Je me regardais avec insistance pour voir si ma tenue n’avait pas souffert. Quelques cicatrices d’une chute antérieure s’était un peu ouverte, rien de bien dangereux, rien de bien grave, quelques gouttes de sang sans grande gravité mais qui me fit grimacer. Les cicatrices, dans mon métier, ça n’était pas folichon, non au contraire, je pouvais rater des contrats à cause de ça. Pas de contrat, pas d’argent, CQFD.
Je gardais ma main dans la sienne et fit un pas vers mon agresseur. Le contact avec cet Elijah me rassurait, me permettait de ne pas partir en courant, en hurlant, de ne pas paniquer, de ne pas craquer.
- Tá… mé…*
Lorsque j'ai tendance à ne pas me contrôler, il m'arrive de parler Gaelique. C'est assez rare et pour les non initiés, mon langage parrait plus que bizarre. Je fis un pas en arrière, j’avais l’impression de l’avoir vu bougé. Je ne craignais rien, je devais m’en convaincre. Je glissais mon regard vers Elijah, je ne l’avais pas encore détaillés, mis à part son costume s’entend. J’avais aperçu son sourire, mais je n’avais pas remarqué à quel point, il avait une classe perturbante et un regard vers lui me permis de me calmer. Il était calme, droit avec ce quelque chose de rassurant qui malgré tout, ne m’effrayés en rien.
- Monsieur Mikaelson, je me dois de vous remercier…Je crois.
Ma voix se fit plus distincte, ainsi que mon accent irlandais chantonnant. Pourquoi je crois ? Parce que ma rencontre avec le sol ne m’avait pas fait du bien. J’été courtoise et avec du respect pour l’appeler ainsi, mais on m’avait toujours appris à parler ainsi. Je tentais un sourire, mais mon cœur s’emballait encore. Il avait raison, il fallait que l’on parte. Rester ici ne m’aider pas à me calmer, mais je ne connaissais rien ici, je ne savais même pas où nous étions.
- Je crois que, j’habite An sin*. Je crois.
Je lâchais sa main et regardais autour de nous. Le centre-ville n’était pas loin, j’étais incapable de rentrer chez moi, surtout seule. Je soupirais quelque peu avant de replonger mon regard dans celui d’Elijah.
- Je… Je vous suis. Je vous le dois, je suppose.
Dire qu’il me rassurait, c’était vrai, mais j’essayais encore d’analyser ce qu’il venait de ce passer, comment ça avait pu se passer.