Voyager. Son plus grand rêve. Les langues. Sa plus grande passion.
Combinez les deux, et c'était le meilleur des mondes. Visiter des endroits nouveaux lui apportait le plus grand des plaisirs, d'ailleurs il était mieux avec un simple sac à dos d'effets personnels, à vagabonder de villes en villes, qu'installé à un endroit fixe à vivre dans la routine. Il voulait apprendre toutes sortes de langues étrangères, les maîtriser, les enseigner. Il s'émerveillait de la capacité qu'il avait de prononcer ces sons, ces syllabes et mots, ces consonances différentes. Il avait fait des langues son champ d'études, en plus d'un passe-temps unique en son genre, puis en avait fait un métier. Alors qu'il visitait différents pays, différentes villes, il se plaisait à enseigner à des enfants curieux qui adoraient l'idée de marmonner quelques mots d'une langue étrangère, de même qu'à des adultes intrigués, ou un peu passionnés, comme lui. Un peu d'aide humanitaire sur le tas, c'était parfait pour lui.

Il avait 24 ans lorsqu'un incident particulier déclencha la bête en lui. 24 ans lorsqu'il estima que c'était une bonne idée d'aller avec des copains sauter dans l'eau en bas de la falaise. C'était pas si haut, peut-être. Mais c'était dangereux, en bas. Il fallait tenir compte du courant, des nombreuses roches qui parsemaient le fond de l'eau et les abords de la falaise. Ils n'avaient pas pris cela en compte, définitivement. Chacun faisait son dur mais n'osait pas sauter, et l'un des plus fiers de la petite bande avait subit les taquineries des autres. Mik avait été celui qui avait enfin mis fin à cette plaisanterie, alors que le jeune homme restait debout au bord de la falaise et hésitait depuis de nombreuses minutes déjà. Une simple poussée dans le dos en riant avec les autres, pour l'encourager à y aller, pour le faire basculer dans le vide et tout droit vers les profondeurs.

Il n'en remonta jamais. Le bruit du corps frappant l'eau ne fut pas aussi fort qu'il n'aurait dû l'être. Lorsqu'ils osèrent se pencher pour voir le vide, l'un des rocher semblait vaguement taché de rouge. Seul indice d'une présence récente, alors que le léger courant de l'eau ne laissait voir aucun corps, aucun remous particulier. Qu'une vaste étendue mûe par sa volonté propre, qui avait engloutis sans remord et dans l'espace d'un instant, un être qui leur était cher.
Mik s'en est voulu à mort, s'est torturé l'esprit encore et encore en vain, sachant bien que la plus profonde haine de sa propre attitude ne ramènerait jamais ce jeune homme. Mais rapidement, il eut d'autres chats à fouetter. Une première transformation difficile, une seconde pas vraiment mieux. Les premiers temps, c'était atroce et il avait beaucoup de mal à s'adapter. Il ignorait comment s'arrêter, comment se maîtriser et se réveiller le lendemain avec un poids sur la conscience et une crainte perpétuelle d'avoir fait du mal commençait à peser sur lui.

Lentement, avec surtout beaucoup de patience et de persévérance, il s'était fait à l'idée et à sa condition. Sans personne pour le guider, il avait de lui-même fait ses preuves et appris par l'expérience accumulée, jusqu'au jour où il parvint à retrouver un mode de vie assez stable et reprendre ses voyages.

C'était la vie idéale pour lui, les rencontres se multipliaient, les conquêtes et les aventures d'un soir s'accumulaient, aucune attache et aucun sentiment, car il était repartit au petit matin, plus vite que le vent. Trop volatile pour être emprisonné par l'amour, car il ne désirait briser aucun coeur en se perdant dans la distance, ni blesser qui que ce soit en s'abandonnant au mauvais moment. Puis, du jour au lendemain, sa vie entière bascula de la plus surprenante et ... adorable des façons. Une visite inattendue, un bébé naissant laissé dans ses bras, et on disparait dans l'aube sans un sourire, sans laisser de trace. Voilà ta fille, je n'en ai rien à faire, débrouille-toi.

C'était soudain, c'était des responsabilités qu'il ne s'attendait pas à avoir, c'était un frein à son rythme de vie effréné et vagabond ... Mais ce fut aussi la plus belle chose qui arriva dans sa vie. La chose qui devint la plus précieuse à ses yeux. Son petit trésor. Sa princesse. La femme de sa vie (très jeune, encore, je vous l'accorde). C'est non sans une certaine nostalgie, mais avec le sourire, qu'il s'est installé à Mystic Falls, trouvé un domicile fixe et préparé à une vie plus ordonnée. Il voulu aussitôt enseigner, car non seulement cela lui permettait-il de perpétuer sa passion des langues, il était aussi porteur d'expériences de par ses voyages et ses rencontres, qui pouvaient servir à la fois de modèle et d'inspiration pour ces jeunes qui, parfois, avaient besoin d'un peu de motivation, de voir le bien à tirer de la vie.

Cette vie-là non plus n'était pas plus mal. Le plus chouette des métiers, et le plus bel enfant du monde. Il n'était pas seul, dans tous les sens du terme. Il ne s'ennuyait pas outre mesure, contrairement à ce qu'il aurait cru. Il était tout juste arrivé, mais il se voyait sans mal y rester encore bien longtemps.